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Dévaste-moi

Emmanuelle Laborit / Johanny Bert

Extension du domaine du langage.

Avec Dévaste-moi, Johanny Bert donne a la comédienne sourde Emmanuelle Laborit bien plus qu’une exploration de son univers : il élargit l’horizon de son expressivité.


Le combat des sourds et malentendants n’est pas que politique autour de la langue des signes et des dispositifs publics : il est aussi dans les représentations et esthétique. Emmanuelle Laborit est engagée sur tous ces fronts depuis plus de 30 ans. Sa rencontre avec Johanny Bert, metteur-en-scène et marionnettiste, fait des étincelles : « Elle signe du bout des cheveux jusqu’au bout des doigts de pieds ! C’est ce corps engagé tout entier sur scène qui m’a donné envie de construire un spectacle dont elle serait l’actrice principale. » explique Bert.

Avec le danseur et chorégraphe Yan Raballand, ils tissent avec et autour de ses signes un spectacle qui met en jeu son corps, dans un concert théâtral où se succèdent les icônes de la chanson française – savoureux challenge ! « Nous cherchons au plateau un langage qui part du corps », reprend-il, « en jouant avec la grammaire visuelle de la langue des signes, qui pourrait être à la fois de la danse bien sûr, mais aussi du graphisme dans l’espace (des lignes, des points), des images qui créent des mots, des sensations. Nous travaillons pour que ce langage visuel touche à la fois le public entendant et non entendant. J’y tiens beaucoup. Dans Dévaste-moi, les signes au plateau sont donc multiples. Nous jouons aussi avec la vidéo et des textes projetés qui permettent de jouer avec les mots et les signes, le sens et la sensation. Dans son ensemble tout l’univers de Dévaste-moi fonctionne avec des indices, des connexions poétiques entre le mot, le geste, le costume, la lumière et la musique. Chacun participe à créer une image entre le théâtre et la langue des signes. »

Le corps de Laborit était déjà vecteur de sa langue, le voici mis à contribution de son langage. Et le handicap n’est définitivement pas une limite, mais un support créatif.

Charles A. Catherine

Le site de la compagnie : ivt.fr

vu à :
IVT, Paris
photographie :
© Jean-Louis Fernandez