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l'âge de détruire

Pauline Peyrade - Justine Berthillot

performance sans performance

Il y a quelque chose de sacrément gonflé dans cet objet scénique. Je dis objet scénique parce que ce n’est pas une pièce de théâtre à proprement parler, ce n’est pas une chorégraphie non plus. Pas une pièce de théâtre parce qu’il n’y a pas d’intrigues, de personnages, de répliques, d’histoires. C’est une lecture par moment. Pas une chorégraphie parce que par moment justement ça ne danse plus, ça parle, ça lit. C’est une lecture oui, une lecture performée. Et ça peut sembler intriguant, attachant. D’autant que le texte a reçu le Goncourt du premier roman. On a envie de l’entendre, ce texte remarqué, récompensé. Mais le texte est ici une matière littéraire pauvre, le style presque inexistant, c’est à se demander ce qu’ils font au Goncourt. La danse pourrait nous sauver. Mais là encore déception. On est plus proche des contorsions, gesticulations qu’on retrouve chez Peeping Tom plutôt que dans une véritable offre chorégraphique. Et cela s’enchaîne sans réellement se mélanger : un temps pour la lecture, un temps pour le corps. Sans qu’on comprenne véritablement les liens entre l’une et l’autre.

Alors restent deux interprètes qui pour le coup sont généreuses, se démènent avec ce dispositif quelque peu ingrat et qui démontrent combien elles sont complices, une vraie sororité.

Reste aussi le sujet : la mère abusive. Et si l’on creuse on comprend que la danse ne puisse être que contorsion quand l’espace est si réduit pour vivre. On comprend aussi que le style ne peut être l’enjeu de cette parole qui demande juste à se dire. Finalement cette forme, un peu déceptive au premier abord, est sans doute la plus à même de rendre compte de l’objet de Pauline Peyrade, mieux que son livre même.

Thomas Adam-Garnung

vu à :
Théâtre Ouvert
photographie :
Mary Houdin