Viviane
MÉLANIE LERAY<br /> D’APRÈS LE ROMAN DE JULIA DECK
Ciné théâtre
Après la faculté des rêves, après au bord, j’ai continué mon périple à travers les spectacles metoo. Sacrée semaine. Et c’était plutôt plaisant, cette effervescence. Bon là encore une scénographie minimaliste, limite moche mais ça sert le propos, on est dans un univers carcéral, asile ou prison. Et le dispositif avec ce film omniprésent rend bien compte de la schizophrénie du personnage, de sa dissociation. J’ai trouvé ça intelligent, pertinent. Néanmoins l’esthétique est très nouvelle vague. Entre Truffaut et Godard. Rien de nouveau sous le soleil. Et comme à chaque fois qu’il y a un écran au théâtre je n’ai pas cessé de me demander si le théâtre réussit à résister face à la vidéo. Et non, comme souvent j’étais tel un papillon attiré par la lumière des gros plans. Ce qui était projeté m’attirait plus que la présence de l’actrice. C’est rarement qu’elle parvenait à détourner mon attention. Alors il faut dire qu’elle ne fait pas grand chose, ne raconte pas grand chose. C’est un peu comme si j’avais assisté à un ciné théâtre comme on fait des ciné concert : le théâtre sert un peu de prétexte pour voir le film. Pour être clair, je ne sais pas si je serais aller voir Viviane au cinéma s’il n’y avait pas eu l’actrice sur scène. Et puis il y a cette camerawoman. Alors là c’est le grand blanc. On la voit filmer. Mais elle n’est là que pour faire de belles images. Les gros plans qui attirent. Alors que justement elle pourrait investir un propos. Une caméra qui filme c’est un point de vue, qu’on le veuille ou non. Mais peut-être voulait-on nous dire qu’on faisait là du théâtre documentaire ? Ok.
Il y a surtout cette sensation étrange qu’une fois encore on me racontait l’histoire d’une folle, d’une déséquilibrée ayant des problèmes avec sa propre mère. Comme si une femme heureuse, saine d’esprit, maline, espiègle, libérée de ses obligations filiales, que sais-je encore ? Ça ne pouvait pas faire histoire. Je me suis souvenu de cette polémique comme quoi les premiers films à parler d’homosexualité, comme Mort à Venise ne parlaient jamais de relations heureuses ou liaient homosexualité et traumatismes ou pathologie. Et je me dis qu’on en est peut-être encore là, à ce stade de la libération des femmes, que c’est dommage, mais qu’il faut tout de même saluer cette prise de parole, continuer de l’encourager, être à l’écoute.
Thomas Adam-Garnung