SONICO - The Heart Is the Muscle We Like to Work Out
Lisi Estaras & Ido Batash
Humour Tango.
Alain Platel se fait si rare, son approche si fine de la folie sur un plateau nous manque tellement qu’on guette toutes les productions plus ou moins liées aux ballets C de la B, espérant y retrouver un peu de l’humour belge déjanté. Ça tombe bien, Lisi Estaras et Ido Batash se sont rencontrés chez le chorégraphe. Et dès le début, on est en terrain connu : la scène ressemble à s’y méprendre à celle de VSPRS, à part qu’elle est faite de bâches plastiques. Le groupe de musique est lui aussi en fond de scène, arborant cette fois des k-way de couleur comme si, de guerre lasse, nous nous étions enfin adaptés au dérèglement climatique. Il y a là comme une filiation, une esthétique commune qui se perpétue, qui évolue. Les deux comparses semblent reprendre le travail là où il s’était arrêté. Et on n’est pas déçu : c’est frais, complètement barré, à la limite de la pantomime. Ça traite du couple à coup de tango, de grimaces savamment dosées qui font écho au charme désuet et suranné du cinéma muet. Bien sûr on rit, beaucoup. On réfléchit aussi à l’absurdité des rapport humains, leurs codes notamment, puisque ces deux-là en jouent et les déjouent. Seul bémol : le public est pris à témoin et, si ce n’est lui, c’est le groupe de musique qui est convoqué, comme si ce couple ne pouvait avoir d’intimité, comme si tous leurs gestes nous étaient adressés, comme si, en dehors du plateau, leur complicité n’existait pas, donnant à l’ensemble un léger manque d’authenticité.
Thomas Adam-Garnung