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Cellule

Nach

Solo intime.

Retrouver (enfin !) la danse et les oeuvres au festival le Temps d’Aimer la Danse à Biarritz fut une expérience absolument extraordinaire cette année. Bien sûr, on savait déjà le bonheur contagieux que nous offre chaque année depuis 30 ans Thierry Malandain et Biarritz Culture avec une programmation aux petits oignons. Mais cette édition, qui a pu se dérouler malgré toutes les difficultés que nous connaissons, fut un enchantement.

Dans les rues de Biarritz, nous avons demandé à quelques badauds, masqués comme nous bien sûr, ce que représente pour eux le Festival : « un rendez-vous essentiel », « un énorme plaisir que de découvrir des artistes que nous ne connaissons pas », «  le bonheur de retrouver nos (sic !) danseurs du Malandain Ballet ». Car le festival recouvre tout cela : une programmation éclectique, des rencontres avec les oeuvres et les danseurs, une communion autour de l’art chorégraphique.

Et l’on peut dire que cette année, nous avons senti le frisson supplémentaire de nous retrouver en salle, partageant un air certes teinté de doutes, mais dans lequel soufflait le vent de liberté contenu dans les créations dansées. Ce spectacle vivant, si nécessaire à nos vies, nous avait bien manqué, et l’émotion était palpable.

Après la soirée d’ouverture qui comportait les pièces de l’Octogonale « A Taste of Ted » et du CCN de Biarritz/Thierry Malandain « Mozart à 2 / Beethoven 6 » (voir notre compte-rendu), nous avons eu la chance de pouvoir assister au solo de la jeune danseuse de krump, Nach, déjà remarqué lors de la précédente édition du concours Podium.

Nous avons eu plaisir à suivre l’évolution de cette magnifique interprète, qui propose  un projet courageux pour un premier solo. La nécessité profonde de sa danse ne fait pas de doute. Elle est évidemment, totalement essentielle ici, et c’est ce qui à raison emporte le public. Nach est généreuse, dans son engagement.

Au départ, la mise en jeu de son souffle, du « rauque » et de l’ » enfoui » de sa voix provoque chez nous une empathie viscérale. A la longue, toutefois, s’installe un hiatus entre la force quasi tribale de cette « inspiration » et le côté presque trop « codifié » et systématique de l’addition des états de corps proposés. Sa voix, via sa respiration que nous suivions finit par perdre de son impact, alors qu’elle est encore en pleine énergie. Au risque de s’éloigner du discours du corps.

Ce premier solo a le mérite de questionner une dimension intime tout en nous concernant, ce qui finalement est assez rare, dans sa grande honnêteté. Une danseuse à suivre !

Aurélien Richard

vu à :
Le Temps d'aimer la danse, Biarritz
photographie :
Caroline de Otero