Danse jeune public : quels réseaux ?

En 2003, l’équipe de l’association Danse à Lille, qui orchestrait le festival de danse éponyme et les rencontres internationales de jeune chorégraphie Repérages, s’installe au Gymnase (Roubaix) et y crée le premier festival de danse jeune public, Les Petits Pas. Soutien aux chorégraphes, travail spécialisé de la médiation, et éducation du regard d’une dizaine de lieux sur le territoire investis par le festival : le Gymnase crée sans le savoir un modèle du genre qui sera repris ailleurs, et suivi de près par les institutions. Célia Bernard, responsable du jeune public au Gymnase, raconte : « En 2015, en plein Belle Saison, le Ministère nous demande de penser un modèle de production pour de la danse jeune public : nous avons monté Au pied de la lettre. Nous passions une double commande, à deux chorégraphes qui avaient peu ou jamais créé pour le jeune public, d’esthétiques et de générations différentes. (…) En allant chercher des partenaires en production et en diffusion, surprise : les structures se sont révélées plus intéressées par la question de la danse jeune public que par le seul projet pour lequel nous les sollicitions. La danse était, pour eux, le parent pauvre des créations jeune public. De là, un pré-réseau apparaît. En février 2016, nous le formalisons : Loop était né. » Un réseau spécialisé en danse jeune public, avec des axes nets (expertise, accompagnement de projets, médiation, international) mais aussi un réseau de programmateurs qui accélère le repérage, la production et la diffusion des créations, via des rendez-vous réguliers et des plateformes en ligne.

Des réseaux à différentes échelles, perméables et circulants, eux-mêmes ouverts sur d’autres pratiques, d’autres lieux : voilà la bonne formule pour éviter l’entre-soi : « C’est le risque de tous ces réseaux », reprend Pascale Paulat ; « pour rester intéressants, il faut qu’ils rallient les artistes, le champ associatif qui porte l’essentiel du travail, et sortir des réflexions par compétence. » Ainsi Loop est-il référent danse de Scènes d’Enfance, et s’adresse-t-il à tous les lieux curieux ou spécialiste de la danse jeune public. Et ailleurs ? François Fogel, responsable de l’international de Scènes d’Enfance-Assitej, s’amuse du constat : « Si la France est leader mondial de la réflexion en politiques culturelles, le Young Dance Network est mené par des artistes flamands et allemands. » En effet, constate Sandrine Weishaar, conseillère jeune public à l’Office National de Diffusion Artistique (ONDA) : « Des artistes comme Kabinet K et des lieux comme Kopergietery (Gand) ont révolutionné le rapport au corps de l’enfant par la danse, notamment. Ils sont de solides acteurs de son développement en Europe. » L’international, un horizon supplémentaire pour mener réflexions et actions au service de la danse et de ses jeunes spectateurs.