Ballroom Online

Le Bain

Gaëlle Bourges

#metoo

Faut-il parler de tous les sujets d’actualité avec nos enfants ? Chaque parent verra midi à sa porte ; pour ceux qui veulent éduquer leur progéniture à la notion de consentement et d’agression sexuelle, Le bain pourrait bien être la bonne porte d’entrée.


Gaëlle Bourges s’y empare de deux histoires : le mythologique Diane au bain, surprise par mégarde par Actéon, et le biblique Suzanne au bain, épiée par deux vieillards malhonnêtes. A chaque histoire sa morale, mais le discours sur le consentement, la faute, et l’agression faite et subie y croise les fondamentaux du travail de l’artiste : le regard, le corps érotisé et l’histoire de l’art. Ici, Diane au bain de l’école de Fontainebleau, et Suzanne au bain du Tintoret. Toujours pédagogique, sa démarche mêle textes en voix off, phrases simples et clairement énoncées, non sans humour, et puis la manipulation d’objet, d’un geste lent et élégant, presque maniériste, et la danse, défouloir gestuel par amplification de l’instant qui la précède. Pour servir ces paraboles, trois femmes au plateau, et une cascade d’objets sur deux tables, comme des cabinets de curiosités, pour recréer en miniature les deux histoires, les deux tableaux, dans des univers d’enfant : poupées, peluches, arrosoirs, masque, tissus, bijoux…

Sans simplifier son discours, Le bain ne déniaise pas non plus l’approche de son sujet. Comment parler à des enfants du corps nu et du regard que le désir fait poser dessus ? Le truchement des poupées est-il la métaphore de cette touche de naïveté qu’ont les enfants, à l’imagination tellement plus riche que la nôtre ? Les avis divergent. Ce qui est certain, c’est la justesse de la sobre mise en scène, pourtant toute baignée de noir, pour mieux ne laisser apparaître que les poupées, dont la manipulation est le cœur de la pièce. Le rythme est calme, pour déguster chaque élément, pour peser chaque idée, pour assimiler. Point de rêverie, peu d’abstraction : un propos mené à pas mesuré. « Les peintres sont des petits coquins », dit-elle, et cela résumerait presque Le bain : les grands problèmes peuvent s’expliquer sans briser l’innocence.

Charles A. Catherine


En tournée : voir le calendrier

vu à :
Atelier de Paris CDCN
photographie :
Danielle Voirin