The Quiet
Jefta van Dinther
Après l'apocalypse
Au-delà des têtes d’affiche grosses pointures qui font la programmation cette année de Montpellier Danse (Charmatz, Rizzo, Preljocaj, Forsythe, Keersmaeker…), il faudra aller découvrir le travail trop rarement présenté en France du suédois Jefta van Dinther. The Quiet y présente cinq femmes comme survivantes d’une apocalypse : elles avancent ensemble, lentement, par saccades, le corps vouté-plié, à travers une quasi pénombre, dans ce qui pourrait rester d’un pavillon après une explosion nucléaire. Habillées de vêtements uniformes et sans couleur, livrées à elles-mêmes, formant une famille multi-générationnelle, sans homme, sans fantaisie, elles doublent comme des robots automates des phrases diffusées par les haut-parleurs de la salle. Et c’est un véritable rituel chamanique et ancestral qu’elles accomplissent tour à tour en chantant autour d’un feu de camp totalement artificiel, en marchant le plus simplement du monde chacune en son cercle, en se réunissant finalement dans une tente pour y effectuer une cérémonie secrète en ombre chinoise. Et bien qu’elles semblent nous parler d’hier et d’aujourd’hui depuis un futur un peu sombre, presque sans espoir, la magie opère. On est comme transporté à travers les poussières du temps, dans un rêve à la fois tranquille et d’une grande richesse, à deux doigts d’accéder à une vérité qui toujours se dérobe, enfin réceptif à une prophétie infiniment poétique.
Thomas Adam-Garnung
Jefta van Dinther :