Oh Boy!
Antonin Rioche
La solitude comme moteur.
Parfois un danseur devient chorégraphe. Parfois assez tôt. Parfois avec assez de bonheur. Et il y a quelque chose de magique à se dire qu’on était là lors de cette mue. Antonin Rioche est interprète. Et avec Oh Boy! il signe sa première oeuvre. Délicate. Au sens de dangereuse. Mais il y évite tous les écueils avec une incroyable maturité. Le livret annonce qu’elle traite de la solitude. Et l’on serait tenté de rétorquer trop vite que c’est étrange compte tenu de la présence des spectateurs, que ces gestes sont écrits pour être vus et même qu’ils sont interprétés par un autre que le chorégraphe. On passerait à côté. Si la pièce est un solo, ce n’est pas pour répondre de façon opportuniste à des exigences économiques, mais bien pour expliciter un propos. Le sentiment de solitude ne recoupe pas le fait d’être seul. Et cette solitude n’est pas négative, elle est un moyen de forger une identité, celle d’un danseur, d’un chorégraphe. La solitude comme moteur. Dans la première partie, magistrale, presque méditative, le dos de Benjamin Behrends dévoile, tout en micro gestes et aspérités, les aléas de la vie. La deuxième partie, construite sur un jeu d’ombres chinoises, semble anecdotique si l’on oublie qu’elle parle de l’enfance, de l’autre que l’on s’invente. Le final est bluffant d’une virtuosité électrique, souple et sensuelle même si la bande-son succombe à la facilité du Cosmic Dancer de T-Rex, déjà entendu bien sûr dans Billy Elliot. Mais pourquoi pas un peu de facilité quand on a du talent ?
Thomas Adam-Garnung
Antonin Rioche :