Paris Awards Ball
3e édition
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Un ball, c’est une compétition de voguing, dans un ballroom (sic !). Le voguing, c’est cette discipline qui mêle apparence, attitude et danse, inspirée des poses et démarches des mannequins des magazines de mode. Les voguers se répartissent en maisons (houses) qui s’affrontent en style et virtuosité. Le voguing, émanation de la communauté LGBT noire et latino américaine des années 1970 qui exprimait son besoin de conquérir les codes de la domination dont elle souffrait, vit mieux que jamais, et a gagné la France il y a dix ans. En résulte la présence au 3e Paris Awards Ball des branches françaises des houses américaines : Ninja, Ebony, LaBeija, Balenciaga, Yamamoto… et de la première house made in France, la house of LaDurée, au motto délicieusement scandé : « Sucré ! Salé ! House of LaDurée ! ».
Un ball commence dans la salle : chacun y est soi, un soi révélé, assumé, affichant les codes genrés comme bon lui semble, suivant les lignes de la house d’appartenance. Particulièrement remarquée : la house of Ebony, toute parée de dentelle noire du meilleur effet. Le plus beau look de la soirée fut celui du voguer Sky Ninja, veste oversize ivoire ceinturée sur sa taille fine, cuissardes à talons hauts toute de sequins dorés, strass d’or sous ses beaux yeux noirs.
Sur la scène de la Gaîté Lyrique (Paris), le 3e Paris awards ball alterne défilés de tenues faites main sur des thèmes délirants (pharaons, car wash, mécano, poupée galactique…), concours d’attitude (féminine, masculine, sensuelle…) et concours de danse, sur des musiques house, RnB et rap mixées par Lazy Flow, commentés en live par Matyouz LaDurée, exceptionnelle pour électriser la foule. Parmi les performers, au delà des looks, certains se détachent par une impressionnante maîtrise gestuelle, qu’il s’agisse de la précision des lignes de bras, le contrôle des dips (chute sur une cheville, l’autre jambe tendue), l’énergie tenue des mouvements au sol ou la très fine écoute de la musique, sur laquelle ils improvisent. Alaïa Balenciaga et Brandon-Lee Ebony l’ont particulièrement montré dans le duel Female Figure vs Male Figure, où leur sens du geste a facilement terrassé leurs adversaires. On ne restera pas non plus indifférent à Stormy LaBeija, pour son geste fin et expressif, pourtant battu dans la catégorie Baby Vogue (les jeunes recrues, en somme).
La scène voguing parisienne met la barre haut. Ses balls révèlent talents et personnalités, mais aussi un combat, des messages, contre l’oppression des genres figés et de leurs signes distinctifs. Une compétition dansée et lookée qui gagne de plus en plus d’adeptes, tant la puissance libératrice de ces soirées et grande. Pour vous en rendre compte par vous-même, rendez-vous le 20 octobre à Paris, pour l’United States of Africa Ball, part II (lieu à préciser).
Charles A. Catherine