Fondation Kader Belarbi
Abolissons les frontières
On ne présente pas Kader Belarbi, directeur de la Danse du Ballet du Capitole de Toulouse, Chorégraphe Danseur Etoile de l’Opéra national de Paris, danseur émérite qui aura travaillé avec les plus grands, qui se sera essayé à toutes les danses sans aucun a priori, juste la volonté d’aborder d’autres rivages sans se soucier des frontières. Et le voilà qui lance sa fondation, « pour élever les rêves de danse », selon 3 axes : celui de l’accessibilité à son oeuvre, de la diffusion à l’archive ; celui de l’innovation en songeant très fortement à ce que le numérique peut offrir ; et celui de la production afin de favoriser l’émergence de chorégraphes mais aussi la rencontre avec tous les publics.
Et c’est ce troisième axe qui est à l’honneur pour célébrer la naissance de la Fondation Kader Belarbi avec l’organisation d’ateliers là où la danse ne va pas : La Courneuve d’abord, Le Mirail ensuite. On pourrait croire que ces choix finissent non pas par aider mais par stigmatiser ceux qui en sont les bénéficiaires et on négligerait l’intelligence de leur auteur. Il ne vient pas là en seigneur dispenser son savoir de façon cosmétique, il s’implique véritablement, totalement disponible et généreux, menant lui-même, lui le Danseur Etoile, ces ateliers, sûr qu’il y apprendra autant qu’il y enseignera. Et c’est cette philosophie salvatrice qui préside à son action. Bien conscient qu’il y a des mondes qui ne se rencontrent pas, il ne débarque pas ici pour faire le buzz et repartir comme il serait venu. Il décide, par cette fondation, d’inscrire son action dans la durée et évite ainsi l’événementiel démagogique. Il tisse des liens, édifie des passerelles sans préjuger qu’une danse serait plus valide qu’une autre. La danse ici, sous toutes ses formes encore une fois, crée un lien social et humain, elle offre des règles qui fondent une communauté, elle permet d’accéder à une certaine rigueur, elle indique surtout comment être ensemble, dans un souci de partage, une simplicité d’être avec l’autre.
A une journaliste patentée qui cherche absolument à faire définir l’art à ces jeunes de banlieue, comme si ce que eux font sur les terre-pleins des cités n’en était pas, Kader Belarbi répond par le geste et par l’exemple que c’est peut-être à nous, ceux qui prétendent savoir ce que c’est que l’art, d’ouvrir porte et fenêtre pour éviter l’asphyxie. Merci.
Thomas Adam-Garnung