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Inoxydables

Maëlle Poésy

texte de Julie Ménard

Inoxydables, c’est avant tout l’histoire de deux jeunes gens un peu inconséquents. Ils boivent, font la fête, se rencontrent, se séduisent, s’aiment, n’ont pour seule ambition que de faire de la musique avec leurs potes et voilà que la situation politique de leur pays change et ils choisissent l’exil. On ne saisit pas bien pourquoi. Pourquoi la situation dans leur pays devient à ce point impossible qu’ils se sentent obligés de le quitter. Mais les voilà partis. Et c’est difficile, et c’est douloureux et c’est tragique. Pour au final atteindre un autre rivage où ils ne sont pas bien accueillis : on ne leur y offre que la précarité d’une tente, que des miettes de vie. Mais l’amour est toujours là, les rêves demeurent, inoxydables. Le texte réussit la gageure de rendre compte d’une parole éminemment quotidienne et ne s’embourbe pas dans la théâtralité. De façon assez simple il permet de s’identifier à ces protagonistes qui n’aspirent qu’à la liberté. Et nous interroge sur la nôtre, de liberté. Surtout la mise en scène de Maëlle Poésy est ingénieuse. Tout est au plateau. Pas d’artifice. Les personnages commandent eux-mêmes les effets. On est comme à la maison avec ce quadrifrontal qui permet d’être au plus près des personnages, de leur histoire et le casting est impeccable, tant ces acteurs-là incarnent à la perfection, la jeunesse, toutes les jeunesses et savent susciter notre empathie. La pièce a d’abord tourné dans les lycées et là encore c’est je crois une bonne idée tant elle semble adaptée à ce public, tant elle peut être utile justement là où on ne l’attend pas.

Thomas Adam-Garnung

vu à :
Théâtre du Rond Point, Paris
photographie :
Vincent Arbelet