fosse/verdon
Twentieth Century Fox / FX Entertainment
enfin !
Lorsqu’en juillet 2018 la chaîne américaine FX annonce la mise en production d’une mini-série sur le tandem star de la comédie musicale américaine Bob Fosse – Gwen Verdon, nous n’avons pas pu réprimer un hourra.
Par Charles A. Catherine
Le chorégraphe américain, bien connu des férus de comédies musicales, qu’elles soient à Broadway (Sweet Charity (1966) ou Chicago (1975)), ou au cinéma (de Cabaret (1972, Oscar du meilleur réalisateur) à Que le spectacle commence (1979)) méritait un hommage appuyé par l’industrie cinématographique américaine, tant son aura demeure, tout comme sa trace dans l’imaginaire collectif. Que ce soit par passion pour les histoires d’amour tumultueuses ou par évidence de rendre hommage à celle qui fut autant son interprète que sa muse ou sa collaboratrice hors et au plateau, la série donne autant la parole à Gwen Verdon, qui rafla 4 Tony Awards et imprima sa marque sur l’interprétation des rôles féminins à Broadway. Deux icônes, donc, réunies à l’écran pour une série aussi prometteuse qu’ambitieuse.
Une production 100% Tony.
De l’idée du producteur George Stelzner d’adapter en 2016 la biographie de Bob Fosse, Fosse, signée Sam Wasson, les auteurs Thomas Kail et Lin-Manuel Miranda, fraîchement primés pour le musical Hamilton qui venait de remporter pas moins de 11 Tony Awards, ont fait un projet de mini-série suivant le couple Fosse-Verdon sur trois décennies, à coups de flashbacks et de flashforwards, entre théâtre et cinéma, pour suivre l’intrication de la création et de la vie personnelle des deux légendes de la comédie musicale, sous le regard attentif de Nicole Fosse, fille unique du couple et seule héritière du legs Fosse. A peine primé aux Tony Awards l’année suivante, Steven Levenson, l’auteur de la comédie musicale Dear Evan Hansen – complètement inconnue du public français – est ajouté à l’équipe d’écriture, ainsi que le chorégraphe Andy Bankenbuehler, triple primé aux Tony, lui aussi. De quoi s’assurer que la production à venir allait être faite par des gens de talent, ayant déjà collaboré par le passé.
Un casting racé.
Qui prendre pour incarner les deux icônes ? Si Michelle Williams (Dawson – si si ! -, My week with Marilyn, Manchester by the sea) est impressionnante dans le rôle de la danseuse-muse, aussi juste dans l’émotion qu’au niveau de ce que l’on espérait côté danse, le choix de Sam Rockwell (La ligne verte, Vice) pour le chorégraphe laisse plus songeur : intense dans son jeu, notamment dans les méandres de la création qui hantèrent Fosse (cf. All that jazz, 1979), l’acteur peine à montrer un corps dansant – frustrant ! la série s’attachant à montrer le milieu de la comédie musicale américaine alors en plein flamboiement, d’autres personnalités connues des aficionados apparaissent, notamment Ann Reinking, qui succèdera à Verdon dans le cœur et les productions de Fosse, et Paddy Chayefsky, auteur multi-primé. En découle une série dont il est parfois difficile de suivre la progression, à cause des allers-retours nombreux dans le temps, mais qui donne un aperçu solide de la création et intimiste de la créativité, Williams-Verdon et Rockwell-Fosse brillant par leurs jeux d’une grande finesse, d’un rare éclat, sublimés par une photographie soignée. Heureusement, une seule saison suffit.
La série est diffusée en France par Canal+ depuis juillet 2019 : un régal pour les yeux… et les oreilles.
Fosse/Verdon, 8 épisodes (2019)
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